Le jour de la Victoire
Moscou et son atmosphère chère à mon cœur, je ne m’en lasserai jamais. Deux motivations majeures pour ce nouveau séjour, revoir mes amis et assister aux célébrations du 9 mai ou du « Jour de la Victoire » comme il est couramment surnommé. Portrait de cette journée avec le témoignage de mon amie Nataliya.
Le 9 mai, la Russie entière fête la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale. Ce jour de la Victoire, célébré à travers l’Europe (le 8 mai pour l’Europe de l’Ouest), prend une dimension toute particulière en Russie : « Notre pays (l’URSS à l’époque) a perdu pendant la guerre 27 millions de personnes .Dans chaque famille, il y a son héros qui a donné sa vie pour la liberté … sur la ligne du front, dans les camps de concentration, à Leningrad. Notre peuple a attendu ce jour pendant quatre longues années. Nous sommes tous, les descendants des héros … il ne s’agit pas d’une simple page historique pour nous.»
Des défilés militaires et des commémorations sont organisés dans toutes les villes du pays qui se couvrent de rubans orange et noir ou « rubans de St Georges » en l’honneur du courage des soldats : « Les célébrations sont toujours très grandes. Elles se déroulent dans toutes les villes et villages. Elles commencent par un défilé militaire, elles sont suivies par des concerts, par la marche du régiment immortel et se terminent par des feux d’artifice magnifiques. Les principales célébrations se déroulent à Moscou, sur la Place Rouge, où le défilé est très spectaculaire avec la participation de milliers de militaires sans oublier tout l’équipement de guerre au complet … même les avions. »
La marche du régiment immortel est un acte marquant de la journée. Des milliers de personnes avancent dans les grandes rues de leurs villes avec les portraits de leurs héros. Bien sûr, chacun à son programme : « Dans toutes les familles c’est différent. Il y a ceux qui passent toute la journée dans les rues et participent aux festivités. Pour d’autres, c’est une fête familiale avec la projection des films de guerre et d’un repas de fête. » Les mœurs et coutumes évoluent et malheureusement les anciens combattants se font moins nombreux : « Quand j’étais enfant, le Jour de la Victoire était un jour spécial. Mon grand-père, l’ancien combattant, était encore avec nous. (NDLR : Il a participé à la libération des territoires de l’ouest de l’Ukraine, de Vienne, de Budapest et a célébré la Victoire à Prague) Dans notre famille, c’était la plus grande fête de l’année. Toute la famille se réunissait pour lui offrir des fleurs et le remerciait. On sortait dans le parc où on pouvait encore rencontrer beaucoup d’anciens combattants. Ils avaient les larmes aux yeux et nous, les enfants, nous étions très heureux et fiers d’eux. Aujourd’hui, c’est différent parce que la majorité des anciens combattants sont partis. On ne les voit plus se promener dans les rues avec leurs médailles et décorations sur leurs poitrines, avec des bouquets d’œillets dans les mains. C’est très triste. Mais heureusement, les gens essaient d’immortaliser la mémoire de leurs héros grâce à la marche du régiment immortel. »
Je suis honoré d’avoir vu ces célébrations et d’avoir partagé avec mes amis cet événement, chez eux, dans leur intimité, devant les photos de famille et les médailles de leur aïeul : « Le Jour de la Victoire est une fête joyeuse et triste, grande et intime à la fois. C’est une fête du bonheur et du ciel bleu. C’est impossible de la résumer, il faut venir en Russie et la voir de ses propres yeux. » A bon entendeur …
J’espère que ma modeste contribution vous a aidé à mieux cerner les valeurs de ce jour si particulier. Merci à Nataliya d’avoir gentiment répondu à mes questions.
